samedi 28 avril 2018

Sortie de prospection entomologique 
 pour l’atlas des coccinelles;
 La Lande de la Glinette et au Mont Doville
Le samedi 28 avril 2018.
Animatrice : Claire




A partir de 50250 Saint-Nicolas-de-Pierrepont prendre La Tisonnerie, l’Angerie et l’Hermitage
Petit coin de nature bien caché : Heureusement Claire nous fait part de la route à suivre pour le rendez-vous :
Voici le plan pour se rendre sur la lande communale de la Glinette le 28 avril. 1er RDV  à 10h00 et second à 14h00 (mais sans doute possible de nous retrouver sur place tout au long de la journée).
Aux curieux de nature se joindront le groupe Carabiques du GRETIA, ainsi que d'autres bénévoles de l'association intéressés par les thématiques Coccinelles ou punaises.
Des naturalistes locaux pourront également nous rejoindre.
Nos prospections contribueront à un inventaire mené par le GRETIA pour la Mairie de Saint-Nicolas de Pierrepont, qui intégrera le plan de gestion associé à celui du Mont Doville (moitié St Nicolas de Pierrepont) actuellement en cours de rédaction par le CPIE du Cotentin.

Au premier rendez-vous (La Glinette) sont présents, 15 « Curieux » : Claire, Loïc, Alice, Dominique D, Françoise D, Rémy, Lucien, Karin, Bernard, Sébastien, Marlène, Pascal, Gabrielle, Patrice, Anne Marie et environ une autre 15aine de personnes du Gretia, volontaires et autres associations naturalistes.

D’abord, pourquoi « Glinette » ? Dans le dictionnaire encyclopédique Quillet : Gline : origine inconnue, panier couvert où le pêcheur met le poisson pris. Et aussi, nom régional de l’obione (Obione portulacoides), cette dernière étymologie semble la plus probable puisqu’on est là dans le Parc naturel régional des Marais du Cotentin vaste dépression terrestre que la mer a évacué aux cours des siècles passés. Quant à la déformation du mot Galinette il est difficile d’y croire (Galinette cendrée  dans le Bouchonnois : oiseau chassé par les « Inconnus » )

Paysage bocager diversifié aux nombreuses essences forestières (saules, bouleau, hêtres, chênes,  etc.) et arbustes (ajoncs, houx, ronciers, etc.), malheureusement un peu sur-pâturé, dans ce milieu proche de celui des marais de la Sangsurière, milieu qui conditionne le développement de plantes particulières  avec un fort niveau d’humidité du sol (en hiver, en été, toute l’année)

La matinée n’est pas propice à collecter beaucoup de données d’insectes en raison de la pluie plus ou moins soutenue et ceci jusqu’à l’heure du repas. Au début des recherches, pas de coccinelle en raison donc de ce mauvais temps, le pari d’un bon verre est même 
lancé pour le premier d’entre nous qui en découvrira une !

Néanmoins le travail et la persévérance des courageux participants notent un bon nombre de jolies bêtes comme : La coccinelle Halyzia sedecimguttata (photo ci-dessous), la demoiselle Pyrrhosoma nymphula, le micro lépidoptère Anthophila fabriciana, le géomètre Chiasmia clathrata, le carabe Dorcus parallelipipedus, le micro lépidoptère Anthophila fabriciana et quelques « bonnes » punaises et carabes qui feront l’objet d’une liste intéressante.

 Beaucoup de données par battage (punaises, araignées, phryganes, charançons…), et un peu aussi en soulevant pierres et bois qui jonchent le sol (Cloportes, carabes, chilopodes …), le temps n’étant pas du tout propice aux envols des insectes.
Les ornithologues pour leur part engrangeront un certain nombre de « vertébrés
tétrapodes ailés
par l’observation et surtout par les chants dont la liste est à venir.

Parmi les heureuses surprises, un petit chevreuil est aperçu, le criaillement d’un faisan
de Colchide
Vient l’heure de l’attendu petit casse-croûte, au chaud, les propriétaires de l’Hermitage nous ouvrent leur porte, ce dont nous les en remercions. Bonnes bières et bon vins agrémenteront ce modeste repas, en plus des conversations distrayantes et enrichissantes comme les gens sensibles à la nature le font toujours.

Il est décidé de se rendre l’après midi au Mont Doville en covoiturage pour une bonne prospection espérée. Au cours de cet après-midi le temps va s’améliorer jusqu’à nous faire bénéficier d’un  soleil bienvenu le soir. Les données engrangées en seront d’autant plus fructueuses.
Le Mont Doville est une rare montagne du Massif armoricain. Il culmine à 129 m d'altitude. Le mont porte le nom de la commune sur lequel il est situé. Le mont est constitué de grès armoricain surmontant des schistes. Ses roches sédimentaires
appartiennent à l'Ordovicien, période du Paléozoïque 
Et les filets sortent des voitures et les battages reprennent de plus belle, en particulier sur les nombreux ajoncs et les quelques conifères, bien connus pour abriter les coccinelles et autres insectes. Dans les nappes de battage sont remarqués beaucoup de petites phryganes, charançons, et petites araignées comme une très jolie à l’abdomen vert pistache, etc.… 

Maille XV 06 pour l’atlas des hétérocères
Dès l’arrivée sur le site, une très heureuse surprise : posée calmement sur l’herbe, au pied d’un buisson d’ajonc, une merveille de la nature qui devient malheureusement rare maintenant : « Monsieur » le Petit Paon de Nuit Saturnia pavonia. Chenille sur Bruyères, divers arbustes et plantes basses (Ronces, Myrtilles, Prunellier, Aubépine..) et donc assez polyphage.


Le paysage au sommet du mont Doville (Photo Claire)


Une belle punaise inféodée à ce milieu sec du mont Doville.
Quelques images de jolies découvertes :

Chenille du Bombyx du chêne (Lasiocampa quercus) aussi appelé Minime à bandes jaunes  ((Lasiocampidae) Maille XV 06 pour l’atlas des hétérocères
Guêpe poliste (Polistes dominula ?) construisant son nid (Photo Rémy)

Vipère péliade (Vipera berus) Photo Rémy

Chenille de  La Buveuse, Euthrix potatoria (Lasiocampidae).  (Photo Rémy) Maille XV 06 pour l’atlas des hétérocères

Lucien en pleine démonstration, Pascal et Karin écoute, tandis que Dominique arme son appareil pour flasher la bébête.

Une belle surprise de temps en temps fait l’objet d’un attroupement de saine curiosité. 

Photo Patrice Cydia ulicetana 
Photo Patrice. Micropterix tunbergella
Géomètre Anticlea derivata =  La Violette, la Cidarie dérivée. Nourriture de la chenille : Surtout Rosacées 

A quatre heures et demie, cinq heures moins le quart, retour des heureux « explorateurs » quelques petits gâteaux et boissons et échange des données personnelles, en les regroupant, sans oublier les recherches indispensables pour confirmer ou infirmer les taxons par les clés dans les bons ouvrages spécialisés apportés.




Photo de groupe des heureux participants : Le plaisir simple d’être ensemble dans la nature !
Une chasse nocturne à l’Hermitage de la Glinette (Claire, Michel) clôturera cette sortie bien agréable pour quelques peu nombreux volontaires.
Notre association se félicite de cette organisation commune avec le Gretia, l’union fait la force, les données sont nombreuses malgré le temps passable,  et c’est avec bien du regret que chacun rentre chez lui en espérant d’autres belles escapades collectives.

samedi 21 avril 2018

Sortie géologie les Roches d'oetre samedi 21 avril 2018

Samedi 21 Avril 2018 sortie Géologie 
ENTRE THURY-HARCOURT (LE HOM) ET LES ROCHES D’OETRE (Calvados et Orne)

Animateur : Gérard Tresgots


-Rendez-vous pour se regrouper à Thury-Harcourt (Le Hom), sur la place de la mairie à 10 h.
- Nous irons jusqu’à la Roche d’Oëtre après plusieurs étapes.

Présents  14 géologues ou géologues en herbe: Gérard, Annick, Gabrielle, Hubert, Hélène Fabienne, Patrick, Odile, Dominique D, Muriel, Françoise G, Karin, Lucien, Bernard.



A la mairie de Thury Harcourt « Au rendez-vous des bons copains, y’avait pas souvent de lapins… » 

La Chapelle Bonne Nouvelle

Pour nous rappeler les bonnes notions géologiques de notre dernière sortie du 18 mars 2017, Gérard détache un petit bout de roche. Après le verre (rayure ou pas) l’observation précise, la réaction avec acide (effervescent ou pas), sur ce site, la roche est un grès à petit grains de silice, comportant des éléments arrondis (galets), donc un poudingue 540 M.A. (Le poudingue que nous avions trouvé à Jacob Mesnil avec de très gros galets). Le pendage (Inclinaison de la couche/horizontal) est de 80 °. La direction de la couche est nord 120 °.

Quelques rappels complémentaires de notre animateur : L’ère primaire ou Paléozoïque : Le Cambrien, l’Ordovicien, le Silurien, le Dévonien, le Carbonifère et le Permien. Une diaclase est une cassure dans la roche. Une cluse : Vallée qui coupe les structures géologiques (qui ne les suit pas).

 Le moyen mnémotechnique du Papa de Gabrielle pour se rappeler les périodes de l’Ere Primaire :

( Cambrien , Ordovicien , Silurien , Dévonien , Carbonifère , Permien )
Cambronne Ordonna Silence et Dévotion à ses Carabiniers Permissionnaires.
ou
Cambronne, l'Ordurier, S'il eut été Dévôt, n'aurait pas Carbonisé son Père.

D’autres à voir sur : http://www.cmpb.net/fr/mnemotech.php
Dans ce joli petit coin de nature sont observés par les Curieux  un Citron (Gonepteryx rhamni), un Tircis (Pararge aegeria), un papillon plus rare : La Hachette (Aglia tau L.) une donnée pour la maille XV 82 pour l’atlas des Hétérocères de Normandie.
Un mâle capturé difficilement (par Françoise G.), aux belles antennes pectinées !
Papillon de nuit forestier et printanier, le mâle volant le jour à la recherche de femelles posées souvent sur un tronc d’arbre.
Autres observations : un lézard vivipare, un pouillot véloce, un troglodyte, un escargot de Bourgogne, une coccinelle rose (Oenopia conglobata)…

Vers Caumont sur Orne visite d’une carrière abandonnée

En chemin une végétation naturelle et luxuriante de Stellaire holostée, Orchis mâle, Alliaire, Gouet…des observations, un Grand Cormoran sur l’Orne, une Aurore (Anthocharis cardamines), une Piéride (Pieris napi)…

Ici, un grès feldspathique, le pendage vers le nord indique une couche déversée (la face inférieure de la couche est vers le haut)


Pont de la Mousse

Ancienne carrière au bord de la route exploitée jadis pour fourniture de dalles de jardin.

Ce sont des schistes verts (comme dans La Hague) dont certains sont micacés. Rappel : le terme schiste, du grec ancien skhistos (« fendu, séparé, ce qu'on peut fendre »)

Sur quelques surfaces on peut observer des ondulations, ce sont des rides de courants comme on peut observer actuellement sur nos plages de sable, c’est une indication de milieu peu profond.
Observations des Curieux : une bergeronnette printanière, une punaise à déterminer…
 

Saint Rémy sur Orne

Toujours de bonnes explications de notre ami Gérard.
Nous sommes maintenant au cœur du synclinal de la zone bocaine entre Thury et Clécy. Les roches : des schistes rouges de Saint-Rémy surmontés par les schistes à Clalymènes, 465 M.A., à la base desquels s’est développée une couche de minerai de fer qui a été exploitée jusqu’à épuisement de la ressource. La couche de fer est affectée de nombreuses failles.
Ancien musée Les Fosses d’Enfer, nom du site minier existant (en pleine restructuration actuellement).
Et notre amie Hélène, très humoristique, nous délivre, là, une belle citation :
Une petite citation que j’ai faite aux Fosses d’enfer, de Franquin (le célèbre créateur Gaston Lagaffe) « Ne pas confondre “gisement épuisé” et “mine de rien” ! » 

ICI/ Triste observation, le mur est très très dégradé ! Un petit lézard des murailles court dessus, comme pour nous montrer le méfait des hommes !

Un muret éducatif imagé des temps géologiques est laissé à l’abandon, les Curieux sont consternés que l’on puisse abandonner un tel outil pédagogique parfait pour les grands et les petits, où on peut avoir une très bonne notion du temps, du début de la vie sur terre, de son évolution  et de l’apparition des hominidés, de la formation et de l’érosion des chaînes de montagnes C’est un véritable gâchis intellectuel et culturel ! Image choisie pour illustrer :

Heureusement pour le moral, l’heure du Pic-Nic arrive et c’est à l’ombre, sur les tables du site, jetées bien maladroitement dans les alentours, que les Curieux s’aménagent un petit coin à eux pour casser la croûte tranquillement, c’est indispensable chez eux !

Bon appétit !

Clécy Les rochers des Parcs
Là, le pendage est de 20° vers le nord, nous sommes sur le flanc sud du synclinal.
Les géologues curieux montent au sommet du Rocher des Parcs non sans difficultés liées à la chaleur et au ventre plein !

Ouf, un petit temps de repos avec un petit souffle d’air agréable !
Au sommet dans un dénivelé impressionnant de la vallée de l’Orne, Gérard casse un petit bout de roche : c’est un grès à petits galets, donc un poudingue. Celui-ci renferme des feldspaths altérés (aluminosilicate de sodium, de potassium ou de calcium). Le pendage vers le nord est de 20°.

Observations : tentative d’accouplement de Citrons (Photo Françoise), un Moro sphinx (Macroglossum stellatarum) (Maille XV 82), un Argus vert, la Thècle de la ronce (Callophrys rubi)…

Après avoir signalé les sites du Bô et Saint Christophe, schistes et grès du Briovérien (les mêmes que nous avions observés l’an dernier dans la vallée de la Laize), les Curieux font route pour le site touristique de la Roche d'Oëtre, (118 mètres de haut). C’est au sud du grand synclinal de la zone bocaine.

Ici un poudingue cambrien schiste à plus gros gains. Orientation de la couche : Nord 120°. Pendage 30° vers le nord. C’est le flan sud d’un autre synclinal : Synclinal de La Forêt Auvray ; au sud, dans le granite, coule la Rouvre, affluent de l’Orne.
Le granite est une roche magmatique mais non éruptive, elle apparait en surface après érosion.
Enfin, quelques explications sur la composition générale de notre planète terre seront aussi délivrées.

Pas facile cette descente abrupte !
Au cours de la descente, nous cherchons et finissons par trouver le contact entre le poudingue et le granite.

En bas, d’autres notions complémentaires sont délivrées : la composition du granite faite de mica, feldspath et silice. Le granite en surface se décompose par l’action chimique de l’eau. Les micas perdent leur fer qui s’oxyde et les feldspaths sont altérés en argiles, seul le quartz n’est pas altéré. Tous les produits de l’altération seront entrainés par pluies et rivières, éventuellement jusqu’à la mer. On peut dater l’âge du granite en fonction de la radioactivité de certains de ses éléments.
Observations : Coccinelle à damier (Propylea quatuordecimpunctata), un citron, un micro lépidoptère (Acleris kochiella).

La remontée n’étant pas vraiment des plus aisées, certains membres de l’association craquent pour une glace ou une boisson rafraichissante, tandis que d’autres suivent Gérard pour un dernier site d’observation géologique.

 
Pour se retrouver un petit peu plus tard pour partager un pot d’au revoir bien mérité après ce périple très enrichissant mais quand même un peu fatiguant.


Le Bec Corbin
Les Cornéennes, formés à partir des schistes et grès du Briovérien,  contenant des minéraux nouveaux sous forme de grains noirs d’environ 1mm (cordiérite), sont des roches métamorphiques dont la formation est due à l’élévation de température 650 à 800° provoquée par le magma granitique sur les roches dans lesquelles il s’installe.
Conclusion :
Merci beaucoup à notre guide géologique et ses notions parfois un peu complexes mais toujours délivrées pédagogiquement avec patience pour que les Curieux plutôt spécialistes d’entomologie puissent retenir l’essentiel et ainsi pouvoir comprendre, mieux que tout un chacun, les phénomènes géologiques des bouleversements et énormes érosions du massif armoricain depuis l’ère primaire jusqu’au quaternaire. L’ensemble des participants est prêt à une autre sortie géologie pour de nouveaux sites et de nouvelles informations notamment dans le nord du département de la Manche, un endroit géologique intéressant.
 

samedi 7 avril 2018

CCN Les Mares le samedi 7 avril 2018

Café Curieux de Nature « Les Mares »
Le samedi 7 Avril 2018.
Organisateurs et Animateurs Sébastien et Pascal
RDV à 19h à la Maison de la Forêt à Cerisy-la-Forêt, adhérents et tout public.
Une petite trentaine de personnes sont présentes dont une dizaine d’enfants accompagnés de leurs parents, ce qui plait particulièrement à l’association à la recherche de la bonne transmission des valeurs naturalistes aux plus jeunes. Pour notre association 14 personnes étaient bien là : Sébastien, Marlène, Lucien, Loïc, Claire, Célian, Andrée, Juliette, Yann, Lucie, Dominique D. Dominique T, Pascal, Françoise D. Le temps n’est pas particulièrement de la partie avec une pluie « bien de chez nous » ce qui est tout à l’honneur pour la venue des adhérents et non adhérents  bien courageux.
Bref après quelques présentations, le covoiturage mène toute l’équipe à la maison forestière au carrefour du Rond Point en plein cœur de la belle forêt de Balleroy /  Cerisy, point de départ pour cette balade naturaliste d’environ 1,5 km à l’aller, 2 km pour le retour.

Sébastien explique  le programme de ce soir et le chemin à prendre pour découvrir quelques mares intéressantes. Le top départ est donné en empruntant le chemin du Bois l’Abbé. La marche pour une fois est soutenue, rompant avec le rythme habituel des Curieux, mais il faut arriver le plus tôt possible tant qu’il fait jour par ce ciel très gris et humide avec une pluie fine.

On remarque au passage en ce tout début de printemps la belle couleur de la mousse d’un vert tendre émergeant sur le tapis des feuilles ocre rouge du dernier automne.

Sébastien qui a en charge la difficile tâche d’une bonne gestion de la forêt nous parle des marques particulières  sur les troncs de quelques arbres destinés à être coupés dans la cadre d’un élargissement du chemin propice à la biodiversité, par endroits précis.
En chemin, Yann et Lucie découvrent, dans les ornières de nombreuses larves de salamandres caractéristiques par leurs petits points blancs à la base des pattes avant et arrière.

Enfin on arrive à une très grande parcelle portant le numéro 14, défrichée récemment et replantée essentiellement de chênes. Celle-ci est clôturée pour protéger les jeunes plants de l’abroutissement des herbivores comme les biches et les chevreuils. Les marcheurs obliquent à gauche où se trouvent deux mares. Une des deux était existante et a été nettoyée, l’autre a été crée en complément, toutes deux bénéficient d’un espace aéré et ensoleillé à souhait.

Avant de « pêcher » les amphibiens il est bien sûr rappelé que ces animaux sont tous protégés (Arrêté du 19 novembre 2007). Ils doivent être manipulés avec précaution et les mains mouillées, et, remis à l’endroit où on les a trouvés, sous la responsabilité d’une personne autorisée par dérogation préfectorale. Il est rappelé aussi que nombre de ces bêtes très utiles sont en fort déclin en raison de plusieurs facteurs (destruction et modification de leurs habitats, fragmentation des milieux, pollution de l’atmosphère, des sols et des eaux, mortalité sur les routes, braconnage, etc.). L’ONF, gestionnaire de cette forêt doit être par conséquent particulièrement complimentée par sa gestion « mares » puisqu’environ une soixantaine de mares sont préservées (existantes ou nouvellement créées pour compléter le semis.) La forêt de Cerisy, aussi appelée forêt de Balleroy, est une forêt domaniale de 2 127 hectares plantée de hêtres à 75 %.

La première mare restaurée est peu profonde, environ 1,30 m, la deuxième à ses côtés est nouvelle, plus profonde, plus grande, et profilée en rives à pentes variées pour faciliter l’installation des plantes aquatiques, supports de ponte pour plusieurs espèces d’amphibiens.
Dès les premiers coups de troubleau les découvertes sont multiples et intéressantes : Tritons alpestres (Ichthyosaura alpestris), tritons palmés (Lissotriton helveticus), larves d’alyte, larves de libellules, etc.… Ces petites bêtes fragiles sont mises aussitôt dans des petits bacs plastiques transparents remplis d’eau où on peut les admirer et les photographier.

Sébastien a préparé une clé pratique en couleur pour la détermination des espèces et donne la marche à suivre par le détail à observer pour ce faire :
Triton palmé mâle : un petit fil noir dépasse au bout de sa queue, pattes arrière palmées, gorge rose sans aucune tache…
Triton alpestre : ventre orangé, petite crête du dos blanche avec motif en zig zag, ceinture en peau de panthère du museau jusqu’à la queue…
En France, il existe 5 espèces de tritons irrégulièrement disposés en plus ou moins grand nombre dans les régions et c’est en Basse Normandie que nous en avons le maximum, soit 5 espèces : Palmé, Alpestre, Ponctué, Crêté et Marbré, à cela il faut ajouter le triton de Blasius (qui résulte de l'hybridation entre le triton crêté et triton marbré) et que les Curieux ont déjà observés à la Com’Nat de Vauville le 8 avril 2017.

Voilà  un bel exemplaire de triton alpestre manipulé avec soin dans des petites mains très  humides.

Voici la deuxième mare nouvellement créée, avec ses terres d’extraction modelées en buttes en périphérie.
La nuit commence  à tomber ;  la pluie s’est arrêtée.

Un petit lézard vivipare est fortuitement découvert  et il est facile à l’image d’observer qu’on ne peut pas confondre ainsi les amphibiens et les reptiles. Ces derniers ont aussi un statut de protection.

Loïc, chanceux et grand observateur naturaliste, découvre au bord de cette deuxième mare un exceptionnel Alyte accoucheur ou Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans). Cette découverte fait l’admiration de tous, il est plutôt rare d’observer ce papa poule portant ses œufs sur son dos. Les œufs se développent sur le dos du mâle pendant 3 à 8 semaines avant qu'il ne les dépose dans l'eau juste avant leur éclosion.
En somme c’est un très bon père de famille contrairement à ses acolytes (sans jeu de mot) qui pondent dans l’eau et se désintéressent complètement de leur progéniture ! Et on peut ajouter que c’est, avec l’Hippocampe, l’ancêtre du mouvement M.L.H. (à ne pas confondre avec les H.L.M.), et qui signifie Mouvement de Libération de l’Homme. Un mouvement plein d’avenir…lointain !
Puis le petit groupe se remet en marche vers deux autres mares, cap au sud-ouest, vers la parcelle 21, en faisant attention de ne pas tomber dans des marettes à sphaignes ou de se prendre les pieds dans des ronces qui trainent à terre. En chemin, soulevant un tronc d’arbre mort, Sébastien découvre un triton en phase terrestre à la peau plus sèche et plus foncée, et rappelle que les tritons sont des animaux terrestres mais qui ont besoin d’eau pour se reproduire.
Les deux autres mares sont au fond d’une prairie à molinie défrichée dans les années 1960 pour les cerfs et chevreuils. L’une était existante et connectée à un ruisseau se jetant dans l’Elle, c’est pourquoi elle peut avoir quelques petits poissons qui, comme on le sait ne font pas bon ménage avec les amphibiens. L’autre, à côté, a été créée recemment (6 ans et en forme de rein) et il est interdit de rejeter les « pêches » dedans pour ne pas transporter d’éventuels œufs de poissons.

La mare ancienne

La nouvelle mare.
Aussitôt les naturalistes reprennent leur « pêche » et découvrent toujours autant de merveilles, tritons, tétards, mais aussi larves de pryganes, insectes aquatiques, larves de demoiselles et libellules, insectes aquatiques et même des petites sangsues, etc.

Magnifique triton alpestre au sublime ventre orange

Petit insecte aquatique, famille des Dytiscidés, 4,5-5 millimètres : Hyphydrus ovatus

Belle larve d’Alyte accoucheur (Crêtes ponctuées de petits points noirs biens délimités)

Sangsues sur la main de Yann (inoffensives pour l’homme)

Lucie est à féliciter, passionnée, elle a donné beaucoup de coup de troubeaux très fructueux toute la soirée. Serait-ce la ressemblance avec son prénom qui, comme la découverte de notre ancètre Australopithecus afarensis « Lucy » par notre paléontologue national Yves Coppens, la prédestinerait à devenir une grande scientifique ? Pourquoi pas !

Une autre « pécheresse » aussi passionnée, notre amie Juliette. Les Curieux auraient-ils succités de belles vocations naturalistes par leurs descendances ? Tout porte à le croire !
Le retour aux vehicules, vers 21 h 30 / 22 heures, par la chemin de la Réserve,  se fait sans histoire et toujours sans pluie, la chance pour les Curieux était avec eux. Comme il est de tradition un café et boissons fraîches sont offerts à tous, à l’arrivée, avec  de bons gâteaux « maison » le tout bien apprécié après toutes ces belles découvertes. Merci à Marlène pour ses madeleines au chocolat, à Andrée et Loïc pour les gâteaux moelleux, et à Lucien pour les croquants. Un grand merci aussi aux animateurs bénévoles, Pascal pour le partage de ses connaissances naturalistes des milieux aquatiques  et Sébastien qui a su faire partager son grand interêt et ses connaissances  qu’il a pour la grande et belle forêt de Cerisy.
 
Nota bene : pour donner suite à cette balade, toutes celles et ceux qui souhaitent apporter leur pierre à l’édifice de la connaissance des amphibiens peuvent prendre part à une enquête photo, proposée par la Société herpétologique de France et les CPIE. Ci-dessous, voici comment faire :


La démarche « Un Dragon ! Dans mon jardin ? » est une opération de sciences participatives initiée en 2004 en Normandie, invitant le public à photographier les Amphibiens et les Reptiles observés dans les jardins ou lors de balades.
Le principe est simple !
Vous observez un amphibien ou un reptile dans votre jardin ou en balade :
1/ Faites une photo
2/ Postez cette photo sur undragon.org
3/ Des herpétologues vous indiqueront ou vous confirmeront le nom de l’espèce
4/ Votre observation sera intégrée dans la base nationale de données herpétologiques et permettra d’affiner le niveau de rareté de l’espèce et d’orienter les actions de conservation
Pour plus d’informations et participer à la démarche, rendez-vous vite sur le site undragon.org !






 P.J. : Article de La Manche Libre: