samedi 24 octobre 2015

Sortie « Géologie » à Villers-sur-Mer (14640) 24-10-2015

Le matin : Étude des falaises sur la plage,
Intervenant, Gérard Tresgot.
Repas à l'auberge espagnole.

L'après-midi : Visite du Paléospace.
Organisatrice : Gabrielle

Au rendez-vous : Véronique, Maurice, Juliette, Françoise, Muriel, Odile, Patrick, Dominique (T), Gabrielle, Sébastien, Marlène, Lucien, Karin, Agnès, Dominique (D), Chloé, Raphael et Mae, ses enfants  et Gérard, soit une petite vingtaine de personnes.
Un petit peu de « galère » notamment pour stationner les véhicules et se retrouver Place Jean Mermoz à Villers-sur-Mer, en raison du marché du samedi couplé avec la Fête de la Coquille St Jacques et des Fruits de la Mer. Mais Gabrielle nous accueille chaleureusement avec un petit café et une bonne brioche (Chloé).

Notre professeur et ami Gérard prend alors la parole au sujet du marnage entre la pointe de Barfleur et le cap de la Hève (Le Havre). La particularité des marées en Baie de Seine se singularise  par la durée importante (environ 2h) de l'étale de haute mer. L'étale de basse mer est quasi inexistante d'où le risque d'encerclement pour les pêcheurs à pied. Le marnage (écart entre niveau d'eau à la basse mer et à la pleine mer) est ici relativement important, nous sommes, un peu comme au Mont-Saint-Michel, au fond d'une baie.

Entre Houlgate et Villers-sur-Mer se situent les falaises des vaches noires, l’objet de notre étude. Quelques explications à ce nom particulièrement imagé (Meuh !) De gros blocs de calcaires venus des falaises sont au bord de l’eau, recouverts d’algues vertes et arrondis, font penser à des paisibles vaches prenant un bain de pied. Le terme « vache » s’applique aussi au ruissellement des eaux dans certaines régions, on dit souvent qu’en Normandie il pleut à « vache qui pisse »... mais ce n’est pas du tout le cas aujourd’hui avec un temps doux et légèrement nuageux.
Le site est classé zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF 1995)

Enfin le top départ est donné pour se rendre sur place.
Entre les communes de Houlgate à l’Ouest et Villers-sur-Mer à l’Est, les falaises des Vaches Noires sont constituées de falaise de marne (grise) et différents calcaires de l’Oxfordien (partie supérieure), d’une fausse terrasse avec fragments de roches formée à partir de la sédimentation des coulées boueuses, d’une mini falaise due à l’érosion de la fausse terrasse par la mer. Les traits verticaux sont des diaclases (fissures dans la roche) et participent aussi à l’érosion de la falaise.
Un texte explicatif de l’érosion de cette falaise qui est à la périphérie des strates formant le bassin parisien nous est remis par notre animateur. Les marnes de l'Oxfordien, sous l'action du ruissellement des eaux de l'aquifère qui les surmonte, sont entaillées de profonds ravins. Ceux-ci sont parcourus de coulées boueuses qui avancent lentement vers la mer et contiennent des blocs de craie crétacée venus du sommet. A marée haute, les vagues attaquent le front des coulées, dégageant des fossiles extrêmement variés.

Une petite clé de détermination bien pratique de quelques roches sédimentaires nous est aussi remise.
Quelques aventuriers bien imprudents montent la falaise à la recherche de fossiles mais nous ne tenterons pas l’expérience dangereuse et interdite. Le conservatoire du littoral est propriétaire de ces terrains.
Voici de « récents » blocs de calcaire descendus de la falaise, des « veaux » ou des « génisses » selon Gérard
Des « élèves studieux »
Puis notre animateur expérimente l’imperméabilité de la roche grise à l’aide d’un petit entonnoir.












Et la réaction mousseuse de l’acide chlorhydrique sur les roches blanches. Il y aura la même réaction sur la roche grise ce qui nous indique qu’elle est aussi calcaire, c’est de l’argile composée principalement de silicates en feuillets (Phyllosilicates)





La falaise possède parfois les filons horizontaux de couleur ocre, ce sont des calcaires composés d’oolithes ferrugineux. Il existe de nombreuses sortes de calcaires comme de la craie à coccolites (éléments de plancton) et étonnamment de toutes sortes de couleurs.
La dernière période glaciaire est une période de refroidissement global ou glaciation qui caractérise la fin du Pléistocène, il y a 110 000 à 10 000 ans. Le niveau des mers était environ 120 mètres plus bas et on pouvait aller à pieds en Angleterre. Dans la mer de la Manche, qui n’existait pas devait couler la prolongation de la Tamise, la Seine devait la rejoindre. La fin de la glaciation a fait élever le niveau des mers au niveau actuel et par conséquence l’érosion du bassin parisien.

Les blocs de calcaire tombés sur la plage sont truffés de fossiles. La chasse aux fossiles permet d’identifier des griffées (Gryphœa dilatata femelle selon Gérard !), radioles d’oursins (les pics fossilisés), huitres, moules, éponges de formes coniques, tige d’encrine (Échinoderme qui était fixé au fond de la mer par une longue tige), ammonite, trigonia reticulata (bivalve), un joli moule de trigonie dans une glauconite (minéral du groupe des silicates famille des micas), petites globigérines (foraminifères ressemblants à des petites ammonites). Les fossiles sont contemporains de la sédimentation.
Raviole d'oursin (miam-miam !)

Moule (sans frites)
Gloubiglouba d’éponge
Collection de Françoise avec les fameuses globigérines
Eponge (et vlan !)
Bivalve menaçant (grrr !)
Petit jeu découlant des photos ci-dessus : trouvez à qui appartiennent les doigts tenant les fossiles…
Joli moule de trigonie dans une glauconite

Un grand merci à Gérard qui nous a fait partager sa science et passion. Les estomacs criant famine vers 13 heures 30, la troupe se donne rendez-vous comme convenu au Paléospace, une salle nous étant réservée pour casser la croute et un exposé ,fort bien fait d’ailleurs, sur Mary Anning. Mary Anning (21 mai 1799 – 9 mars 1847, femme remarquable d’un milieu très modeste pour ne pas dire misérable et inculte) . C’est une collectionneuse de fossiles, paléontologue britannique, qui a découvert notamment un squelette complet d’Ichtyosaure. En 1828, elle découvre un rare fossile de ptérodactyle (pterodactylus macronyx). Elle a  grandement participé à l’évolution de la paléontologie.


"Thank you" Gabrielle qui en oublie de déjeuner.
Après toutes ces émotions, et ce déjeuner de « journée continue » (même pas 30 minutes !). A peine le temps de déguster les bons gâteaux « maison » préparé par les patissières-adhèrentes comme les mini-crêpes à la confiture de pêche de vigne, les cannelés à la noix de coco, les gâteaux cocos, les tartes au fromage, gâteaux aux pommes, et j’en oublie sûrement ! Le café avalé sur le pouce,  la visite du Paléospace est avancée…pour 14 heures 30 !


Visite du Paléospace
Plusieurs salles dans ce musée : La principale consacrée aux reptiles marins où on nous demande comme dit la notice « d’imaginer le monde il y a 160 millions d’années. La mer jurassique recouvrait alors la Normandie, formant par la suite les falaises des Vaches Noires à Villers sur Mer. De nombreux fossiles ont été découvert, témoins de cette vie passée : coraux, ammonites, crocodiles, reptiles marins et dinosaures. Parmi les grands reptiles, découvrez Anna, spécimen exceptionnel d’Ichtyosaure » Nous retrouvons donc tout ce qui a été abordé ce matin par nos intervenants des Curieux, Gérard et Gabrielle. Une autre salle réservée aux dinosaures spécialement découverts en Normandie : le Streptospondylus, le Lexovisaurus d’Argence, le Dubreuillosaurus valesdunensis de Conteville. Une autre salle pour expliquer le méridien de Greenwich et enfin une exposition sur l’évolution des dinosaures et leur transformation en oiseaux avec l’Archæoptéryx et Cie « L’envol des dinosaures disparus il y a 65 millions d’années »


Il y avait pas mal de monde quand même à l’époque chez nous ! Crétacé (en ocre) : de moins 75 Ma à moins 145 Ma, Kimmeridgien, oxfordien (en vert clair) de moins 157.3 à moins 163.5 Ma.

Deux exemples de découvertes de chez nous : Dubreuillosaurus valesdunensis – Bathonien – Conteville (Calvados), Dinosaure sauropode – Kimméridgien – Bleville Seine Maritime – Villerville Calvados, etc…
Profil de Dubreuillosaurus bi d’dchez nous !

dimanche 11 octobre 2015

Visite de l'exposition "L'Abbé Arthur-Louis Letacq" à Alençon. 11-10-2015

Dimanche 11 octobre 2015.
  





Claire ayant eu connaissance d’une exposition sur l’abbé LETACQ, illustre naturaliste Ornais, nous avons décidé en conseil d'administration d’ajouter cette sortie à notre calendrier 2015.


Nous sommes donc sept curieux, Claire, Françoise, Muriel, Lucien, Karin, Alice et Dominique partis pour Alençon ce dimanche matin.





 




 Rendez-vous était donné à 11 heures sur le parking des Petits Riaux à la Lande-de-Goult pour la visite d’une tourbière typique du massif armoricain. Nous sommes en pleine forêt d’Ecouves. Droseras, Grassettes, Osmondes royales… peuplent cet espace naturel sensible.


Osmonde royale




















Il faut savoir que le parcours est aménagé sur caillebotis, et les plantes remarquables sont « étiquetées » ce qui permet une approche confortable (pas besoin de savoir où l’on met les pieds), et très formatrice. 



 

 


 




















Nous avons pu observer aussi différents cocons, chenilles, grillon, lézard…












Les tourbières



« Les tourbières résultent de l'accumulation de matière organique dans un milieu gorgé d'eau. Celle-ci va se décomposer très lentement, en plusieurs siècles, et former la tourbe. Autrefois utilisée comme combustible, elle sert aujourd'hui d'amendement agricole pour améliorer la rétention d'eau des sols sableux, alléger les argiles compactes et acidifier les sols. Outre leur intérêt biologique, les tourbières constituent des réserves d'eau qu'elles restituent en période de sécheresse. En France, il ne reste que 100 000 ha de tourbières en sursis



Les plantes carnivores



« Les espèces les plus emblématiques des Petits Riaux et les plus attractives sont sans conteste les plantes carnivores. Pour pallier les carences du sol, la grassette et la droséra déploient des feuilles gluantes qui sont de redoutables pièges à insectes. Un pied de droséra peut ainsi capturer 2000 proies par an, digérées par les enzymes de la plante »

(Site internet des Espaces Naturels Sensibles de l’Orne)




Après le repas pris à l’auberge espagnole, nous partons pour le carrefour de la croix de Médavy sur la commune de Fontenai-les-Louvets à 391 mètres d’altitude.



Le lieu est magnifique, calme, (malgré le char Sherman, qui rappelle que ce ne fut pas toujours le cas). Le Douglas remarquable domine l’endroit. Certains d’entre nous cherchent des p’tites bêtes, d’autres des champignons… 


 












Une heure c’est court, il faut pourtant repartir pour notre rendez-vous avec l’abbé Letacq.

 

Et là, nous attendent les représentants de l’AFFO (Association Faune et Flore de l’Orne) passionnés, connaisseurs, qui nous captent dès notre arrivée. 
Letacq est un entomologiste, un herpétologiste, un ornithologue, un mammalogiste, un mycologue… un biographe, … Et un humaniste.







Serge Lesur, Président de l'AFFO.
Un auditoire très attentif.


 
Devant la photo des participants d'une sortie naturaliste. L'abbé Letacq en bas à droite.



Ci-dessous l’AFFO vous en parle mieux que moi :

"Pleins feux sur Arthur-Louis Letacq"



L’abbé Arthur-Louis Letacq est la figure principale du naturalisme dans l’Orne à la fin du XIXe et au début du XXe s, et sa bibliographie constitue une somme incontournable sur de nombreux sujets.

Né en 1855 à la limite du pays d’Auge et du pays d’Ouche d’un père menuisier et d’une mère gantière, le jeune garçon brillant a fait ses études aux séminaires de Sées avant de choisir la prêtrise. Curé de campagne durant quelques années, il fut rapidement nommé aumônier des Petites Sœurs des pauvres à Alençon afin de pouvoir se consacrer à ses productions scientifiques.

Letacq fut aussi très actif au sein de la Société Historique et Archéologique de l’Orne, dont il fut secrétaire et bibliothécaire adjoint. Héritier de la tradition encyclopédiste, il est l’une des personnalités les plus marquantes de la communauté scientifique locale. 


Derrière sa connaissance fine de l’Orne, de ses paysages, de ses multiples formes de vie, de ses savants, souvent amateurs comme lui, se révèle un rapport à l’existence de portée universelle. Si ses écrits sont principalement publiés dans des revues scientifiques, nombre d’articles dans la presse locale ou dans les almanachs montrent l’attention que portait l’abbé à développer l’éducation et à transmettre son savoir.
Tombé dans l’oubli (aucune biographie n’avait été réalisée sur lui, lui qui écrivit celles de ses contemporains !), l’Association Faune et Flore de l’Orne a souhaité lui rendre hommage et lui donner la place qu’il mérite dans l’histoire de notre département et dans celle du naturalisme. C’est ainsi que plusieurs réalisations sont organisées au cours de l’automne 2015, fruit d’un travail de plus de 15 ans :


 
Bureau de l'Abbé Letacq : une partie de son herbier.

Meuble avec boîtes de collections.
Merci à ces gens passionnés qui nous ont fait aimer ce personnage attachant.
Merci à Claire, organisatrice, pour cette belle journée, et à Françoise pour les photos.
et merci à Dominique T. pour ce compte-rendu !