dimanche 11 décembre 2011

Commission Naturaliste de fin d’année à Hauteville-sur-Mer, 10 et 11 décembre 2011.

Samedi 10 décembre 2011
Présents à cette com’nat de fin d’année : Aziliz, Juliette, Françoise,  Muriel, Claire, Loïc, Véronique, Maurice, Dominique (T), Dominique (D),  Céline, Jacques, Agnès, Rémy, Camille = 15 bonnes personnes.
Et c’est bien joyeusement que le week-end commence, à table, à la santé des adhérents de l’association.
 
Le gite de « La Croix du Sud »  à Hauteville est agréable, confortable et à deux pas de la mer. Un bon casse-croute type « auberge espagnole » est servi avec en plat principal du bon poulet rôti.
Le café à peine avalé, les « Curieux » ont les jambes qui les démangent et, bien couvert, ils organisent une belle balade. Certains cherchent des coquillages, d’autres observent les oiseaux du bord de mer.
 
Un pari est lancé : Le premier qui trouvera un « grain de café » obtiendra dans les semaines qui viennent tout l’amour et l’argent qu’il désire… Tout le monde fouille fébrilement. Et c’est Camille qui gagne, toutes nos félicitations !                                                                                                                                                                                           
 La porcelaine ou Trivia monacha est un mollusque gastéropode qui mesure 12 mm de long et 8 mm de large. Sa coquille est épaisse, ovale et bombée, et aplatie dans sa partie ventrale. Elle est brillante et couverte de stries transversales. L'ouverture sur la face ventrale est étroite et s'étire sur toute la longueur de la coquille. Elle s'incurve de chaque côté vers l'intérieur donnant à la coquille la forme d'un grain de café. Elle est rose brunâtre avec trois taches brunes bien visibles sur le dessus. La face ventrale est blanche. Le pied est long, orangé et strié de blanc. A l'avant, le siphon est bien visible au dessus des antennes. Le manteau peut recouvrir presque entièrement la coquille. Souvent plus foncé que le pied, le corps varie du jaune orangé au rouge et au brun parfois marbré sur le manteau. Le grain de café tacheté vit sur les rochers où il se nourrit des ascidies coloniales qui y vivent fixées.
Trivia monacha se rencontre entre 0 et 40 mètres de profondeur en Atlantique, Manche, Mer du Nord.                             Espèce proche :
Trivia arctica est un peu plus petit, plus clair et sans tâche.
 Porcelaine ou grain de café, (Trivia monacha)
 Champignon de plage (Campignolus plaga) (Identification Françoise, vérification Dominique!)
 Vers 4 heures, on décide de revenir au gite par les dunes pour prendre une petite collation réconfortante par ce temps frais. 
 Il pleuviote et ça papote…Rentrons maison, rogntud’ju !
 Quelques observations du retour:
Parmi les oyats et autres plantes des dunes, cette très jolie mousse en forme de petites étoiles (Tortula ruralis, Cf), des petits champignons à déterminer et l'euphorbe du littoral (Euphorbia paralias).
 
La belle récolte de coquillage  est étalée sur du papier de journal, et avec les maigres documents apportés, une identification est faite néanmoins :
 
Anomia ephippium, l’anomie
Antalis vulgaris, Le dentale
Bittium reticulatum le  Cérithe réticulé 
Buccinum undatum, le bulot
Calyptrea sinensis , la calyptrée chinoise 
Cerastoderma edule, la coque blanche
Chlamys varia, le pétoncle noir
Aequipecten opercularis, le pétoncle
Crassostrea angulata, l’huitre creuse
Crepidula fornicata, la crépidule
Diodora italica, la Fissurelle
Ensis ensis, le couteau arqué
Gibbula cineraria, le troque cendré
Gibbula magus, le troque mage
Gibbula umbilicali , le troque ombiliqué
Laevicardium crassum,  la Bucarde de Norvège
Littorina littoralis, le bigorneau jaune
Littorina littorea, le bigorneau
Mactra glauca, la mactre glauque, (à Hauteville, le yam)
Mytilus edulis, la moule
Nassarius reticulatus, la nasse réticulée
Natica catena, la natice
Ocenebra erinacea, le murex perceur
Ostrea edulis, le pied de cheval
Patella vulgata, la patelle
Pecten maximum, la coquille Saint-Jacques
Pectunculus glycimeris, l’amande de mer
Solen marginatus, le couteau gaine
Tellina tenuis , la telline papillon
Trivia monacha, la porcelaine
Venus verrucosa, la praire
Venerupis aurea, la palourde jaune
Venerupis philippinarum, la palourde japonnaise
Lutraria magna, la grande lutraire
Spisula solida, la mactre épaisse
 Soit 35 espèces.

Quelques images pour illustration :
 Calyptrea sinensis                  
 Diodora italica
 Mactra glauca
 Bittium reticulatum
 
Françoise et Camille nous offrent alors un petit air d’accordéon, merci à vous deux, la musique réchauffe les cœurs et les corps.
 Œuf de roussette
 
Les journées avec les Curieux de Nature, tout en étant exceptionnelles, passent trop vite et c’est déjà le moment da passer à table, Prosit, à notre bonne santé ! Le menu qui va suivre en étonnerait plus d’un, je récapitule :
Entrée, diverses salades composées, tarte au thon, plats, sauté de porc à l’orange, Lasagnes maison, fromages, teurgoule, crème renversée… Incroyable mais vrai !
Au dessert, Aziliz et Juliette n’oublient pas de nous amuser avec une histoire de chat et de pilule à dormir debout !
Suit alors la réunion de préparation au programme de notre magnifique association, inachevée, car la fatigue se faisant sentir à plus de minuit il est décidé de continuer à deviser demain matin.                                                                   
Bonne nuitée tout le monde.
Dimanche 11 décembre 2011
Après un délicieux petit déjeuner, les adhérents des Curieux achèvent d’une main de maître le programme parfait des sorties 2012 qui sera proposé à l’assemblée générale du samedi 4 février 2012 à Amblies.
 
Bien habillé, d’un pas décidé on quitte le gite, deux groupes se forment : les partisans de se promener au marché du dimanche et les partisans d’une balade d’observation ornithologique.                                                           Quelques images pour illustrer côté « marché » :
 
La marchande de volailles qui aime bien découper le poulet rôti en morceaux (seuls ceux qui ont subi les événements peuvent comprendre !)
 
Les Curieux « en touristes » s’extasiant sur les produits locaux. Loïc, non intéressé, joue avec notre « Jujupanda » nationale.
Voilà, une matinée vivifiante, retour au gite, avec un peu d’avance sur le programme. Réchauffement général, un p’tit jeu de carte plus la préparation du bon repas.
Une image pour illustrer le côté balade :
 
Nos amis les photographes d’oiseaux observent ce matin  un drôle d’équipage sur l’estran. Sur un traineau 3 hommes « débourrent » 2 chevaux, scène peu banale.
 Pour s’amuser un peu, un petit jeu de sémantique :
Débarrasser de la bourre, du poil.
Débourrer le cuir.
Débarrasser de ce qui bourre.
Débourrer une pipe.
(Arboriculture) Faire s'ouvrir les bourgeons, en parlant d'un arbre, d'un arbuste, voire du bourgeon lui-même.
Si vous trouvez la bonne réponse vous avez gagné un tour gratuit, c’est facile mais ne vous bourrez pas !
 Dernière vérification des espèces de couteaux par Véronique et Jacques sous les yeux dubitatifs de Maurice. 
 Illustration de jolies natices (natica catena), trouvées ce matin par l’équipe « ornitho »
 
Pour conclure, repas du dimanche midi en photo :
 
Entrée : quiche végétarienne, plat principal : potée auvergnate (Véronique), dessert : gratin de fruits (Camille)

A 14 heures 30, rangement, nettoyage et chargement des véhicules pour le regretté départ du dimanche après-midi et comme si le ciel nous avait entendu, il se met à pleuvoir accompagnant la tristesse des au-revoir.
Mais nous nous retrouverons l’année prochaine pour, toujours et encore, de belles et joyeuses aventures.

 Tellina tenuis la telline papillon percée par un gastéropode carnivore et Antalis vulgaris, le dentale.

samedi 3 décembre 2011

Restauration (n°1) de l'herbier de Corbière au Muséum de Cherbourg. 03-12-2011

Organisation : Claire Mouquet Loïc Chéreau

Suite à la visite de notre association, le 23 Avril 2011, du Musée Ethnographique d’Histoire Naturelle et d’Archéologie,  les « Curieux de Nature » avaient proposé une aide à la restauration des herbiers des 19ème  et début 20ème siècles, stockés au sous-sol de la bibliothèque des Sciences. Cette proposition avait été volontiers acceptée par Bernadette Cimaur et Françoise Guesnon de la Société Nationale des Sciences Naturelles et Mathématiques de Cherbourg.
Le compte-rendu de cette visite au mois d’Avril est à consulter sur notre Blog à la rubrique « Sortie-Visite ».



Voici encore les « Curieux » embarqués pour une nouvelle aventure, dans le train de 8 heures 30 à la gare de Lison, levés dès potron-minet, pleins d’espoir pour passer une bonne journée.
Sont fidèles au poste : Claire, Loïc, Jacques, Michel, Françoise, Muriel, Dominique (D), Camille et Mélusine (9 personnes)
 





 



Douche froide à l’arrivée, parapluie de Cherbourg recommandé ! On marche vite jusqu’au Parc E.Liais mais les chaussures et les bas de pantalons seront tout trempés.
 





Accueillis chaleureusement par Francis, Françoise et Bernadette, c’est Francis qui nous explique aussitôt le travail à accomplir. Prendre délicatement une  des pages de l’herbier, coller une étiquette neuve de l’herbier de Cherbourg (Herbarium Coriovallensis de Coriovallum nom latino-celtique de la ville) et l’étiquette d’identification de la plante trouvée dans l’existant sur une grande feuille de papier Canson. Détacher avec mille précautions la plante sèche la disposer harmonieusement en la collant légèrement sur son nouveau support. Une feuille de papier double sulfurisé protègera ce beau résultat, comme ci-dessous.
 
Silene campanula, 27 juillet 1892, Alpes Maritimes

En ce qui concerne les origines du nom de la ville de Cherbourg, selon WikiManche :
Jusqu'au 19e siècle, on n'a généralement pas mis en doute l'explication traditionnelle suggérée par les latinisations de type Cesaris burgus et ses variantes, « le fort de César », en usage du 11e au 14e siècle, et prolongée par la « restitution savante » de Cesarbourg en 1424. Les tenants de ce type d'explication prestigieuse et valorisante n'ont pas tous disparu aujourd'hui.
Depuis d’autres hypothèses ont été émises.
L'hypothèse scandinave proposée par René Lepelley postule une formation °kjarresborg, issue de la combinaison de l'ancien norois kjarr « marais » et borg « lieu fortifié ». En effet, vers 1700, selon un plan de Jean Magin, cartographe (1670-1741), le fort de Cherbourg faisait face à des dunes et un marais. C'est sans doute cette explication qui pose le moins de problèmes, tant phonétiques que sémantiques ou historiques. Elle a l'avantage de bien correspondre aux premières attestations, et de proposer une solution plausible. Reste une certaine zone d'incertitude : la valeur exacte de l'étymon scandinave kjarr « marais » ou « broussailles, fourré ». En ce qui concerne la finale, qui est toujours en -burg (ou variantes) dans les formes anciennes, elle représente vraisemblablement, dans le cadre de cette dernière hypothèse, d'une réfection anglo-saxonne de -borg, suggérant une origine anglo-scandinave du toponyme.
 
Mais revenons à nos moutons : L’équipe aussitôt se met fébrilement au travail. Un petit café et des gâteaux sont gentiment apportés par Bernadette pour avoir plus de cœur à l’ouvrage. On exécute la tâche avec un maximum d’attention mais des questions sont aussi posées en cours d’exécution pour certains points difficiles comme plusieurs étiquettes existantes, échantillons de plantes en quantité importante dans le feuillet existant, récupération de fleurs ou graines détachées, etc.…Heureusement, notre ami Francis est toujours là pour nous donner la bonne réponse.
 
La colle blanche « Cléopâtre » pour les étiquettes, amuse les « Curieux » en référence avec leur parcours scolaire mais l’utilisation de petits pistolets à colle pour les plantes fragiles les surprend. Francis rassure sur l’utilisation de ce matériau en raison de sa réversibilité par léger chauffage.
Et la matinée se poursuit ainsi, une bonne quantité de « dossiers » sont déjà « traités ». Il est plus de midi quand l’association accompagnée de Françoise et Francis se rend au restaurant prévu dans le programme : « Le Petit Parapluie ». Nous retrouvons alors Mélusine, notre cherbourgeoise.  Un menu « ouvrier » est choisi avec au choix une entrée, différentes viandes grillées accompagnées de frites et un dessert. Un peu de vin réchauffera par ce temps pluvieux.
 
La patronne du restaurant, en venant nous voir, intriguée par notre petit groupe, et en apprenant que nous faisons un travail de restauration dans un bâtiment du parc E.Liais, conclue hâtivement que nous sommes requis pour restaurer la Momie du Musée (Momie de Nesy-Konsoupa-Khered), ce que nous lui laissons croire volontiers, et qui nous fait bien rire.
 
Et c’est le retour. Mélusine vient renforcer les troupes.
 
Le « savoir-faire » est transmis, le bon rythme reprend, la chemise sanglée comportant toute les chemises existantes diminue. Arriverons-nous à finir cette après-midi ?
 Voici une page de l’herbier existant dans un état de fraîcheur exceptionnel (ce qui n’est pas forcément le cas de toutes), ici Cucubalus baccifer, Saint Maurice au bord de la Marne, Septembre 1896
 Puis une belle page restaurée : Silene nutans, Carteret, 14/6/1896. 
 
La pile de nouvelles chemises de l’herbier restaurée monte allègrement à la satisfaction de notre « patron ». Il nous indique pour information que le volume de l’herbier après restauration est multiplié par quatre. Le sous-sol du bâtiment sera-t-il assez grand pour contenir ce nouveau volume ?
 
Francis nous montre alors la Flore de Corbière de 1893, faisant référence pour tous les botanistes avant la flore de Michel Provost, un bel ouvrage original appartenant à la bibliothèque de la Société des Sciences. C’est en partie grâce à l’herbier, que nous restaurons, que ce livre a pu être conçu, les « Curieux » en sont d’autant plus fiers. Incidemment, il ajoute que nous sommes la première association (honneur à nous)  à venir aider la longue et difficile tâche de restauration entreprise par la Société Nationale des Sciences Naturelles et Mathématiques de Cherbourg.
Oui, finalement, vers 17 heures et des poussières, les « employés méticuleux », redoublant de courage, viennent enfin à bout du gros dossier préparé pour eux. Un autre dossier sanglé sera même ouvert et  commencé.
Hélas, le temps passe trop vite, surtout quand on fait un travail  passionnant, mais le train n’attend pas, l’association prend rapidement congé de ses hôtes et file à la gare.
Merci aux organisateurs pour cette journée bien remplie et très intéressante. Tous les acteurs sont fiers d’avoir œuvré, même modestement, pour la sauvegarde de notre ancien patrimoine botanique que d’éminents  savants ont eu autant de patience  à constituer il y a une centaine d’année. Toute l’équipe est prête à revenir à la demande de la Société des Sciences.
Pour conclure voici la traditionnelle photo de groupe prise par Jacques :


samedi 12 novembre 2011

Visite du musée de Vire. Exposition "les botanistes de Vire du 19e siècle. 12-11-2011

A découvrir en même temps : les vieux métiers, costumes et meubles normands, et les œuvres du peintre Charles Léandre.
Organisateurs Claire et Jacques sur une idée de Françoise et Muriel.

Notre association se diversifie dans ses sorties et la recherche de nouvelle thématique nous pousse aujourd’hui à visiter le musée de Vire. Le rendez-vous est donné à 10 heures 30 devant l’ancien local du Fayard de Saint-Lô, maintenant Office de Tourisme, quai de la tangue, où, un covoiturage est organisé, du moins pour les adhérents de la région saint-loise : Claire, Dominique (T), Dominique (D), Joëlle, Claude, Lili et Francis (de Cherbourg).
En complément de la visite du musée de Vire, Jacques nous a suggéré quelques jours auparavant, de profiter du déplacement pour voir l’arbre remarquable d’Estry, ville proche de Vire, ce qui est une très bonne suggestion et, les Curieux s’y rendent et retrouvent l’agréable compagnie de Jacques, Armelle, Anick et Gérard.
L’if d’Estry, (Taxus baccata), estimé entre 1400 et 1800 ans, c.à.d. planté à l’époque mérovingienne ou carolingienne, 11,55 mètres de circonférence (mesuré en 2000 à 1 mètre du sol). C’est un miraculé : En 1944, avec les bombardements, il a failli disparaître. Il est référencé dans l’ouvrage de Gadeau de Kerville sur les Ifs remarquables de Normandie. L’intérieur de l’arbre est creux, on pourrait se tenir à plus de dix personnes. En effet dans les arbres, les vaisseaux conducteurs de sève sont situés sous l’écorce au niveau de l’aubier, ils sont mis en place par le cambium (couche de cellules vivantes). Le bois situé plus vers le centre soutien l’arbre. L’if produit des fruits appelés arilles (graine). La pulpe autour de la graine est comestible. La graine contient une substance, le taxol, ainsi que tout le reste de l’arbre (poison violent). Cette substance servait autrefois à soigner les cancers du sein et des ovaires, les leucémies, en particulier, en empêchant la multiplication des cellules. Actuellement, seul un taxol de synthèse est utilisé.
Notre ami Gérard, en complément de la visite nous offre un petit cours de géologie, fort intéressant, en détaillant les pierres de l’église : granodiorites et grès (roche sédimentaire formée de grain de quartz cimentés entre eux) qui contient des éléments de plus grande taille (ce qui fait de ce grès un conglomérat) de forme arrondie (ce qui fait de ce conglomérat un poudingue). Ici les éléments arrondis sont des morceaux de quartz blancs).
Les estomacs crient famine, on se rend à Vire au restaurant prévu dans le programme.
Dans une très bonne ambiance, pizzas diverses et « à l’andouille de Vire » rassasient l’assemblée. Cidre et rosé l’abreuvent.
Tout juste le temps d’avaler un petit dessert (aïe, aïe, aïe) et de boire en vitesse un petit express, et hop, il faut déjà se rendre au musée !
Là, nous rencontrons 2 autres sympathiques invités : Marie et Hervé Leclercq, ce qui porte le nombre de « Curieux » à 13, et permet de bénéficier de tarif réduit pour l’entrée du musée.
Abrité dans l’ancien hôtel-Dieu construit au XVIIème siècle, le musée est situé sur la rive gauche de la Vire. Mobilier, costumes et ateliers d’artisans évoquent la vie dans le bocage au XIXème siècle. Une collection de couverts fait le lien avec l’histoire industrielle de la ville. La Normandie romantique est représentée à travers les majestueux panneaux décoratifs de Paul Huet (1803-1869). Le second étage est entièrement consacré au peintre caricaturiste Charles Léandre (1862-1934).
A l’entrée de l’exposition « Les botanistes de Vire au 19ème siècle » quelques plantes exotiques et la « caisse de Ward » sont exposées.
Le médecin londonien Nathaniel Ward met au point en 1830 cette caisse dont le but est de protéger les plantes revenant d’expéditions maritimes. Grace à son étanchéité la protégeant de l’eau salée et des rongeurs, cette invention augmente considérablement la chance pour les plantes d’arriver en bon état à bon port.
Visite de l’exposition :
La Normandie du XIXème siècle est au premier rang des provinces par le nombre de ses botanistes. Parmi eux se distinguent les Virois : René Castel, le poète-savant ; Pierre Turpin, le génial illustrateur admiré de Goethe ; René Lenormand, providence des explorateurs ; Dominique Delisle, félicité par Cuvier pour son étude des lichens…
René Castel, le poète des plantes.
Ils sont avocats, militaires, professeurs…Tous sont fascinés par les combinaisons infinies de la nature. Ils parcourent la campagne et le littoral, collectent, nomment, classent toutes les plantes de l’arbre à l’algue microscopique.
Leur appétit de connaissance dépasse l’étude de la flore de Normandie. Après un voyage en Amérique, Turpin (1775-1840) se fait connaître à Paris comme le meilleur portraitiste des plantes du nouveau continent. Il est sollicité par d’éminents naturalistes, pressés d’exposer aux yeux de la communauté savante leurs splendides découvertes.
Illustration en couleur de Turpin.
Sans quitter son cabinet de travail, Lenormand (1796-1871) explore les richesses de la planète. Respecté par tous les savants européens, son herbier est « un centre d’attraction pour les richesses végétales de toutes les contrées du globe ». Des algues australiennes sont même nommées en son honneur.

Buste de Turpin.
A ne pas oublier aussi, les naturalistes voyageurs comme : Le grand navigateur Jules Dumont d’Urville (né à Condé sur Noireau 1790-1842), le voyageur intrépide Jean-Marie Despréaux (Botaniste à Vire 1795-1843), les chirurgiens de la Marine Emile Deplanche (1824-1875) et Eugène Vieillard (1819-1896) qui partent en Nouvelle-Calédonie.
Les découvertes de ces précurseurs permettent aujourd’hui aux botanistes du Conservatoire national de botanique, de comprendre l’évolution actuelle de la végétation de Normandie.
Parlons un peu de botanique :
La botanique est enseignée à l’université de Caen depuis 1438 en faculté de médecine puis à partir du 19ème siècle en cours de sciences naturelles. Les élèves médecins et apprentis apothicaires disposent d’un jardin botanique à partir de 1689.
Le professeur Lamouroux occupe de 1812 à 1825 la chaire d’Histoire Naturelle de l’Université de Caen et dirige le jardin botanique, plus couramment appelé « Jardin des plantes », où il aime faire ses démonstrations.
Jean-Vincent-Félix Lamouroux (Agen1779, Caen1825) donne un véritable élan à l’algologie. Il divise les algues en 6 familles d’après leur appareil de reproduction, et distingue les algues brunes rouges et vertes. Il décrit de nouveaux genres qui sont aujourd’hui des types (exemple des laminaires), c'est-à-dire des spécimens de référence reconnus sur le plan international.
L’enseignement et la personnalité de Lamouroux marquent profondément toute cette génération de naturalistes virois, ses anciens élèves : René Lenormand, Richard Dubourg d’Isigny, François Joseph Chauvin.
En 1838, la chaire d’Histoire Naturelle est divisée. La zoologie est séparée de la botanique, de la géologie et de la minéralogie confiées à Chauvin. Ce dernier assure également la direction du Jardin des Plantes et la conservation des collections de son cabinet d’histoire naturelle. Il améliore la présentation des herbiers que les dons et les legs de botanistes enrichissent.
Après la seconde guerre mondiale, les herbiers sont déplacés vers la Faculté des sciences de l’Université de Caen. Dans les années 1975, une grande partie est transférée au Muséum de Paris, seule une part du précieux Herbier de Caen demeure actuellement conservée à l’Université : Champignons et lichens, mousses, algues, plantes à fleurs (Flore de Louis Corbière, petit herbier d’Alphonse de Brébisson…)
A noter que les Curieux ont programmé une sortie au Muséum Cherbourg le 3 décembre prochain pour  participer à la restauration de l'herbier de Corbière. D’ores et déjà, ils en sont très fiers.

La dernière salle d’exposition est consacrée à la botanique dans notre belle région de Basse-Normandie. Elle met l’accent sur la diversité, la singularité et la fragilité des espèces qui nous entourent : la flore littorale, les plantes des rochers, des falaises et des murs, les landes et les tourbières. Sont cités en exemple : La pyrole des dunes, le séneçon blanchâtre, l’orpin paniculé, la spargoute printanière, et pour les landes et tourbières : La bruyère ciliée, la gentiane pneumonanthe, le lycopode en massue, le canneberge et l’utriculaire citrine (plante carnivore). Toutes ces plantes rares font la fierté de nos botanistes.
Fin de la visite sur les botanistes du 19ème siècle,  un petit film sur la recherche actuelle des arbres et des plantes dans la forêt vierge par de jeunes botanistes passionnés, et classification de celles-ci avec recherche de leur ADN.
Suite de la visite du musée :
Mobilier de la région viroise.
Très belle armoire normande à 4 portes (armoire de laiterie) 
Belle collection de clés des 16 /17ème siècles.

Au 2ème étage collection Charles Léandre :
Né à Champsecret dans l’Orne, Charles Léandre manifeste très jeune un talent de dessinateur. Arrivé à Paris à l’âge de 16 ans, il est accepté peu après à l’Ecole des Beaux-arts. Puis il intègre une nouvelle revue illustrée : Le Rire. Le peintre académique se mue alors en un féroce caricaturiste.
La ville de Vire a acquit depuis 1968 les œuvres de l’artiste : 225 œuvres et objets sont propriété du musée.
Autoportrait de l’artiste, et quelques unes de ses extraordinaires œuvres :
Pastel romantique.
Huiles figuratives très réalistes.
Caricatures de Léandre.
Les Curieux seraient bien restés encore un peu tant le musée est riche et intéressant mais il faut bien respecter les horaires et c’est à 18 heures que les au-revoir ont lieu.
Mais en sortant par le jardin du musée, un petit groupe « d’irréductibles gaulois » proposent un petit supplément : voir les ruines du vieux château de Vire construit sur un éperon de granodiorite en plein centre ville. (Ah la, la, les Curieux ont du mal à se quitter !)
Ce qui reste de la tour du château.
De nouveau, notre professeur Gérard nous fait un petit cours de géologie (mais on aime bien ça !)
La partie ouest de la Basse-Normandie qui fait partie du massif armoricain, a été affectée par la formation de deux chaînes de montagnes, la première à la fin du Précambrien, il y a environ 542 millions d’années : la chaîne cadomienne (de cadomus, nom latin de Caen), la seconde datée d’environ 300-310 millions d’années : chaîne varisque (hercynienne), a très certainement dépassé 4000 mètres de hauteur, ce qui parait incroyable.
Le massif du château est composé de granite et de cornéenne (Schiste compressé et chauffé extrêmement solide). On peut facilement voir les limites très irrégulières de ces deux roches (Voir photo ci-dessus).
Pour conclure, de l’avis général, cette visite rompt avec les sorties natures habituelles et ouvrent d’autres horizons.
Merci à tous les organisateurs de cette belle et originale journée. Les participants ont  largement apprécié et sont prêts à découvrir encore d’autres  expositions ou musées pour leur plaisir et leur enrichissement personnel.